griecLes experts du changement climatique mettent en garde les dirigeants de la planète contre ses conséquences "soudaines", voire "irréversibles", à deux semaines d'une conférence clé des Nations unies sur le climat à Bali.

Le Groupe intergouvernemental sur le climat (Giec, mandaté par l'Onu), Prix Nobel de la Paix en 2007, a bouclé vendredi à Valence en Espagne le dernier volet de son quatrième rapport, une somme de référence pour les cinq prochaines années qui sert à fonder la riposte de la communauté internationale aux dérèglements du climat.

Le rapport devait être officiellement approuvé samedi matin à Valence en présence du secrétaire général de l'Onu Ban Ki-moon, qui a inscrit la lutte contre le changement climatique en haut de son agenda. Il avait convoqué en septembre un sommet de chefs d'Etat et de gouvernement à New York.

Dans un résumé rédigé "à l'attention des décideurs", négocié depuis lundi, le Giec reprend l'essentiel de ses conclusions publiées en trois volets depuis janvier: le changement climatique est dû avec une quasi-certitude à l'homme, la hausse de température pourrait atteindre jusqu'à 6,4 degrés en 2100 par rapport à 1990 - plus sûrement se situer entre 1,8 et 4 degrés - et canicules, sécheresses et inondations devraient se multiplier.

Enfin, les conséquences de ces changements risquent d'être "soudaines ou irréversibles", insistent les experts.

Cette seule phrase a fait l'objet d'intenses discussions: certains pays comme les Etats-Unis ont contesté l'expression "irréversible", dénuée de contenu scientifique, selon un participant. D'autres en revanche, notamment européens, ont insisté pour la conserver, estimant qu'elle traduisait la réalité.

Ainsi, a fait valoir à l'AFP le chef de la délégation française, Marc Gillet, la disparition des ours blancs serait un phénomène irréversible: "On ne pourrait plus revenir en arrière". Mais le changement climatique pourrait aussi avoir des conséquences soudaines, ou abruptes, comme un bouleversement de la circulation des océans, voire un blocage du Gulf Stream, a-t-il ajouté.
La délégation américaine a également combattu - mais en vain - une phrase stipulant que "tous les pays" seront affectés .

"Les Etats-Unis ne voulaient pas non plus mentionner les ouragans à cause de Katrina: on ne parle pas de corde dans la maison d'un pendu!" a remarqué un négociateur.
"Le résultat (des négociations) est bien meilleur que ce qu'on pouvait escompter avant la réunion", a jugé Stephanie Tunmore de Greenpeace, qui siège comme le WWF en tant qu'observateur aux réunions du Giec.

Le rapport du Giec "dit au monde que le changement climatique est là " et "les politiques ne pourront plus dire qu'ils ne savaient pas", a déclaré Hans Verolme, directeur du programme climat du Fonds mondial pour la nature (WWF) vendredi à Valence (Espagne).
Pour les écologistes, l'état des lieux dressé par les experts devrait peser dans les négociations qui s'engagent à partir du 3 décembre à Bali, en Indonésie, où la communauté internationale doit commencer à négocier les suites à donner au protocole de Kyoto, dont la première phase d'engagements expire en 2012.

"Le message est clair: les émissions (de gaz à effet de serre, ndlr) doivent être réduites aussi vite que possible pour aider la planète à rester en dessous de 2 degrés de réchauffement", a estimé Stephan Singer, directeur européen du programme climat au WWF.
"Les impacts pourraient être tellement graves que chaque gouvernement qui tarde à agir est irresponsable", a-t-il estimé.

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